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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 23:26
ecrire 1714Travailler m’est devenu accessoire. Ça remplit l’espace entre les bars. Ça me permet de dessaouler. Parfois. Ça ravive en moi quelques élans patriotiques. Non pas de cette patrie-là qui vous taxe de la thune et vous prend pour des cons, mais la fierté d’appartenir au club – relativement fermé – des journalistes alcooliques. Carte de presse et demi pression. Et encore : je lisais l’autre jour dans Libération que la moyenne anglo-saxonne est de 19 pintes par semaine et par gratte-papier. Foutus anglais. Avec mes 4-5 bières quotidiennes, je peux me rhabiller. J’attends le soir, pour retrouver les copains dans les troquets. Entre trentenaires célibataires, on se tient chaud. On se réconforte. On se câline. On se rassure. On se ressert. Se ressaisir ? Demain, peut-être… Et la vie s’écoule au rythme des pintes qu’on écluse. C’est ma corne d’abondance à moi. Et travailler m’intéresse bien moins que ces calices-là, que l’on boit jusqu’à la lie. Qui finissent par nous embraser le corps et le cœur. On se croit amoureux. On se sent révolté. On refait le monde avec conviction. Des utopies sponsorisées par Kronembourg. Des baisers au goût de Heineken. Des amitiés sur fond de rouge qui tâche. Des résolutions qui ne tiennent pas la marée. Des passions qui ne résistent pas au Perrier. Des élans vite oubliés. Des promesses et des histoires de fesses. Des étreintes fougueuses et des engueulades féroces. Des cicatrices de guerre. Des brûlures au cœur. Des maladies vénériennes. Des gueules de bois en forme de plus jamais ça… temporaire. La tête qui saigne au petit matin, et ce goût métallique. Imbibée jusqu’à l’os, les lendemains atroces. Et des nuits, encore des nuits, à étirer le champ des possibles à l’infini, et à y jouer des remakes de La petite maison dans la prairie. À courir dans le houblon. Mon tabouret connaît la route. Retour à la maison, avec quelques trésors au fond des poches. Un numéro de téléphone ou une adresse mail. Quelques rimes sur un sous-bock. Des souvenirs diaphanes. L’impression – mais l’impression seulement – d’avoir vécu. Un mal de tête et un pull qui sent la bière. Qu’importe la cyrrhose, je pourrai dire : « j’y étais ! » Que d’aventures, qui se jouent dans les troquets. Comment, après ça, vouloir aller bosser…
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commentaires

P
<br /> Il existe une zone de flou artistique entre le célibat dépressif et le mariage ennuyeux : baptisons-la bonheur.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> L'alcool tue lentement. On s'en fout. On n'est pas pressés.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Tout n'est pas cyrrhose dans la vie...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> J'ai retiré plus de choses de l'alcool que l'alcool ne m'en a retirées.<br /> <br /> <br />
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  • : Les chroniques acides de la belette
  • : Les coups de gueule d'une demi-beurette au pays du beurre salé. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant réellement existé serait purement fortuite.
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  • 32 et toutes ses dents. Scribouillarde tombée dans la marmite philosophique, cherche l'Humanité la lanterne à la main. Chiante, impatiente, exigeante, avec quelques qualités paraît-il.
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